Le dividende constitue-t-il vraiment une rémunération des actionnaires ?

Question de la semaine

Par son activité et ses ventes, une fois payées toutes ses charges, les entreprises génèrent des liquidités qui leur permettent d’investir. Une fois ces investissements réalisés, il peut encore rester des liquidités qui trouvent alors plusieurs usages : le remboursement des dettes, l’acquisition d’autres sociétés ou encore le paiement de dividendes, qui constituent un transfert de trésorerie de l’entreprise vers ses actionnaires.

Mais la distribution de liquidités par l’entreprise vient diminuer d’autant sa valeur boursière. Ainsi, une entreprise dont la valeur serait de 100, qui verse 5 de dividende, voit sa valeur réduite de 5 une fois le dividende détaché. Il n’y a donc aucune création de richesse par le mécanisme du paiement de dividende : il s’agit bien d’un simple transfert de liquidités de l’entreprise vers ses actionnaires.

Le dividende ne correspond donc pas à la rémunération des actionnaires. La seule richesse créée par cette opération est pour l’État, cette distribution donnant lieu à fiscalité. En France, et en retenant la situation la plus simple des personnes physiques, les impôts et les charges sociales cumulées sur les dividendes sont normalement de 30%. Dans notre exemple, l’État prélèvera donc 1,5 (30% de 5), tandis que l’actionnaire ne touchera que 3,5 en perdant 5 en capital.

Les actionnaires peuvent néanmoins trouver un intérêt au dividende s’ils ont besoin de liquidités et sont indifférents aux variations de prix de leurs actions. Les fonds de pension et les assureurs répondent par exemple à ce profil. Les investisseurs professionnels à l’origine d’opérations de LBO (Leverage Buy Out) peuvent également avoir besoin de ces dividendes pour rembourser une partie de leur dette d’acquisition. Enfin, certains particuliers y trouvent un complément de revenus, voire une rémunération dans le cas de chefs d’entreprises ne se versant pas (ou peu) de salaire.

Se focaliser sur le dividende comme étant le seul cœur de la rémunération de l’actionnaire est donc une erreur. C’est en fait une modalité de l’exercice de son droit de propriété.

 

A voir aussi : https://latribune.lazardfreresgestion.fr/growth-versus-value-de-quoi-sagit-il/

 

L’opinion exprimée ci-dessus est datée du 7 mai 2021 et est susceptible de changer.
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