ÉCONOMIE | Lettre de la Gestion Privée Q4 2021

La reprise de l’économie mondiale se poursuit mais les tensions sur l’offre se prolongent et l’inflation ne montre pas encore de signe de ralentissement aux Etats-Unis, alors que les incertitudes économiques ont augmenté en Chine. Ce contexte amène une plus grande prudence sur les marchés actions à un moment où les banques centrales commencent à tenir des discours un peu moins accommodants.

Forte croissance et tensions persistantes dans l’appareil productif

La croissance du PIB dans les économies du G7 a atteint +1,7% au deuxième trimestre, un rythme parmi les plus forts des cinquante dernières années. La consommation américaine est restée très dynamique et l’assouplissement des mesures de restriction en Europe a permis le redémarrage de nombreuses activités dans le secteur des services. Ceci permet un rattrapage du niveau d’activité d’avant-crise, déjà effectif aux Etats-Unis et en cours en Europe. Les enquêtes de confiance restent cohérentes avec une croissance solide au troisième trimestre, bien qu’elles indiquent que le pic de la reprise est passé. La demande est bien orientée mais la production reste bridée par des problèmes d’approvisionnement, en particulier dans le secteur de l’automobile, et des pénuries de main d’œuvre. Les tensions sur le marché du travail américain ne semblent pas encore se résorber et les salaires poursuivent leur accélération. L’inflation sur un an atteint désormais +5,4% aux Etats-Unis et +3,0% en Europe. En Chine, le renforcement des restrictions sanitaires, les pénuries d’électricité et les inquiétudes autour du marché de l’immobilier ont amené une nette dégradation des prévisions de croissance pour le troisième trimestre.

Evolution en ordre dispersé des marchés actions

Les marchés actions des pays développés ont poursuivi leur progression en juillet et en août avant d’enregistrer une correction en septembre, dans un contexte d’inquiétudes autour de la croissance en Chine, de discours un peu moins accommodants des banques centrales et de remontée rapide des taux d’intérêt. Sur l’ensemble du troisième trimestre, le S&P500 en dollars a augmenté de +2,6% et l’Eurostoxx en euros de +0,4%. Le Topix en yen a surperformé avec une hausse de +4,5%, aidé par la démission surprise du premier ministre japonais Yoshihide Suga et l’assouplissement des restrictions sanitaires. L’indice MSCI des actions émergentes a baissé de 8,8%, en raison principalement de la chute des marchés actions chinois.

Des banques centrales un peu moins accommodantes

Le rendement à 10 ans du Trésor américain est passé de 1,47% à 1,49%, avec un point bas à 1,17% début août. Le taux à 10 ans de l’Etat allemand a suivi la même trajectoire pour atteindre -0,20% fin septembre, un niveau quasi stable sur le trimestre. La Fed a laissé entendre que la réduction de ses achats d’actifs pourrait être formellement annoncée lors de la prochaine réunion de début novembre. Le rythme de réduction des achats d’actifs n’est pas prédéfini mais Jerome Powell a indiqué que le consensus au sein des membres du FOMC était de ramener les achats mensuels d’actifs de 120 milliards de dollars à zéro d’ici à la fin du premier semestre 2022. En parallèle, un nombre croissant de membres du comité de politique monétaire a évoqué la possibilité de hausses de taux en 2022 et 2023, amenant la médiane des prévisions à 0,5 hausse de 25 points de base l’année prochaine, contre 0 lors des précédentes prévisions, et 3 de plus en 2023, contre 2 auparavant. La BCE a indiqué qu’elle allait légèrement ralentir le rythme de ses achats d’actifs. Contrairement à la Fed et à la BCE, la Banque d’Angleterre a indiqué que la normalisation de sa politique monétaire débutera avec une hausse des taux d’intérêt, plutôt que par un ralentissement du rythme de ses achats d’actifs.

Dépréciation de l’euro

L’augmentation du différentiel de taux d’intérêt entre les Etats-Unis et la zone euro a été un facteur de soutien au dollar. L’euro est passé d’une parité de 1,19 à 1,16, une dépréciation de 2,3% sur le trimestre. Le taux de change revient ainsi sur les niveaux qui prévalaient à l’été 2020.

Poursuite de la reprise économique mais probabilité croissante d’un dérapage de l’inflation

Le caractère très particulier de la récession de 2020, puis de la relance exceptionnelle qui a suivi, a permis à l’économie de conserver des fondamentaux inhabituellement solides en période de sortie de crise : une absence de destruction de richesse du secteur privé, un contexte peu propice à l’adoption de mesures de rigueur et un fort rebond de l’activité qui fait que l’appareil productif ne présente pas de capacités excédentaires très importantes. Les deux premiers facteurs sont très positifs pour la poursuite du cycle de croissance, mais le troisième pose la question des tensions inflationnistes. Savoir si l’accélération actuelle de l’inflation et des salaires est un phénomène transitoire, ou bien le résultat des énormes mesures de soutien à la demande, reste une question ouverte. Si la poussée actuelle d’inflation s’avère plus durable et surtout liée à une accélération des salaires, les banques centrales devront davantage normaliser leur politique monétaire que ce qui est actuellement anticipé et potentiellement freiner la croissance. A défaut de clarté sur cette question, il faudra donc rester très attentif aux tensions sur le plan de l’inflation et du marché du travail, qui ne montraient pas encore de signe d’apaisement en septembre.

 

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Voir aussi : https://latribune.lazardfreresgestion.fr/patrimoine-lettre-de-la-gestion-privee-q4-2021/

L’opinion exprimée ci-dessus est datée du 14 octobre 2021 et est susceptible de changer.

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